Par Inspecteur Ibrahima Ndiaye , Chroniqueur politique – Le Regard Patriotique

Le limogeage de Salimata Dieng, figure montante de la Jeunesse Patriotique du Sénégal (JPS), continue d’alimenter les débats au sein du parti au pouvoir. Au-delà du bruit médiatique, l’affaire révèle les tensions entre liberté d’expression, discipline militante et formation politique dans un mouvement qui se veut porteur de renouveau.
🔎 Une « dissidence interne » qui fait des vagues
La décision de démettre Salimata Dieng de ses fonctions de chargée de mission à la Présidence a surpris par sa rapidité. En quelques heures, une prise de parole jugée « lucide » par certains, « indisciplinée » par d’autres, s’est transformée en crise symbolique.
La jeune responsable dénonçait, non sans franchise, la faible implication des jeunes, la négligence des militants sincères et un décalage croissant entre les promesses d’inclusion et la réalité du pouvoir.
Mais dans un parti désormais aux commandes de l’État, la critique publique reste une ligne rouge. Le précédent de feu Malick Ndiaye sous le régime d’Abdoulaye Wade rappelle que, dans les sphères du pouvoir, la loyauté prime souvent sur la franchise.
⚖️ Le dilemme du pouvoir : gouverner ou plaire ?
Le PASTEF, mouvement né dans la ferveur contestataire, découvre aujourd’hui les contraintes de la gestion. Gouverner implique des compromis : alliances politiques, équilibres territoriaux, récompenses stratégiques.
Comme le disait Charles de Gaulle, « En politique, il n’y a que les intérêts. »
Les promesses d’ouverture se heurtent désormais aux calculs électoraux et à la logique du partage du pouvoir. C’est le prix du réalisme politique.
🧭 La jeunesse : moteur ou variable d’ajustement ?
Pourtant, le cœur du malaise demeure : quelle place réelle pour la jeunesse dans le projet patriotique ?
Les jeunes militants, nombreux à avoir porté le parti au pouvoir, peinent à trouver leur espace dans la gouvernance. Frustrés par l’attente, ils observent la montée en puissance d’anciens adversaires ou d’alliés de circonstance.
Leur loyauté, souvent testée, réclame reconnaissance et perspectives.
🎓 La réponse du pouvoir : former avant de promouvoir
Face à ces tensions, le tandem Diomaye–Sonko semble vouloir privilégier la formation à la récompense immédiate.
Le message est clair : « La relève se prépare, elle ne s’improvise pas. »
Les expériences du Parti Socialiste et du Parti Démocratique Sénégalais en matière d’écoles de cadres l’ont prouvé : un parti fort repose sur des militants formés, disciplinés et politiquement éduqués.
Le MONEP (Mouvement National des Enseignants Patriotes) pourrait jouer ce rôle stratégique de formation décentralisée, en relayant la culture politique et la rigueur idéologique jusque dans les cellules locales.
💡 Une leçon de maturité politique
L’affaire Salimata Dieng dépasse le simple fait divers partisan. Elle met en lumière un défi plus profond : celui de la maturation du PASTEF en tant que force de gouvernement.
Entre gestion des ambitions, encadrement des jeunes et maintien de la cohésion, le parti devra apprendre à transformer la critique en levier de progrès, non en motif de sanction.
Car au fond, une démocratie interne vivante n’est pas un risque pour un parti ; c’est sa meilleure garantie de survie.



6 Commentaires
”La véritable opposition de Pastef c’est Pastef ” mais une opposition responsable.
Certes la dame n’aurait pas dû mettre à la place publique sa pensée mais elle a peut-être raison
Merci, Inspecteur Ibrahima Ndiaye pour cette analyse pointue qui rappelle la nécesdité, pour un parti politique, d’assurer une bonne formation à ses militants afin d’éviter les dérives auxquelles nous assistons actuellement au sein du PASTEF.
Merci M.Ndiaye pour cet analyse. Effectivement,le nouveau regime a besoin de former sa jeunesse pour que l’ideologie du parti soit ancree en eux. pour qu’il n y ait pas d’anarchie selon Platon, l’autorite doit manifester son autorite et les jeunes doivent se soumettre a cette autorite.
Merci beaucoup pour cette nouvelle contribution qui révèle une fois de plus des problèmes sérieux au sein des partis politiques en général et au sein de Pastef en particulier. La gestion des voix discordances, la gestion des ambitions et la discipline de parti.
Il est à noter la particularité de l’engagement des jeunes dans l’accession au pouvoir de Pastef comparée à l’arrivée au pouvoir des partis dit traditionnels. Ces jeunes jusque là, dans la grande majorité, n’ont pas trouvé d’emplois parce que n’ayant pas la formation ou les aptitudes requises pour certains postes.
Le limogeage de Salimata Dieng peut être jugé comme très sévère par les uns et normal par les autres parce que n’ayant pas respecté la discipline de parti.
Merci beaucoup Monsieur de la pertinence des arguments. Il faut prêter attention à la jeunesse même si parfois c’est très compliqué de kes faire comprendre certaines choses néanmoins il faut les écouter ,aller vers eux
Tres interessant