Par Mamadou Mbodji DIOUF

Un appel à la responsabilité
« L’avenir appartient à ceux qui donnent à la génération montante des raisons d’espérer », disait Léopold Sédar Senghor. Cette maxime n’est pas qu’une belle citation : c’est une exigence. Elle rappelle qu’un Parti n’a de sens que s’il sait se renouveler, transmettre et préparer la relève. Or, aujourd’hui, le Parti socialiste (PS) semble avoir perdu ce réflexe vital : celui de conjuguer son héritage avec les attentes de notre temps.
Une inertie préoccupante
Depuis 2014, aucun Congrès ordinaire n’a été tenu, contrairement aux prescriptions de nos textes. Les instances dirigeantes ne se réunissent plus avec la régularité prévue et les structures de base ne sont pas renouvelées. Ce qui fut autrefois un modèle d’organisation et de discipline militante est désormais fragilisé par une inertie qui sape la confiance des militants et érode la crédibilité du PS auprès de l’opinion publique.
Le recours judiciaire : symptôme d’un malaise profond
C’est dans ce contexte que certains camarades ont saisi le juge. Leur démarche a surpris, parfois choqué, mais elle traduit surtout une inquiétude sincère sur l’avenir du Parti. Sur le plan juridique, leurs arguments sont recevables, mais nous n’aurions jamais dû en arriver là. Dans un Parti fondé sur la camaraderie et la fraternité, les différends auraient dû être réglés en interne.
Ce recours ne peut être une solution durable. Il est un signal, un électrochoc qui révèle une défaillance collective : l’affaiblissement du dialogue interne. L’issue ne réside pas dans les tribunaux, mais dans notre capacité à restaurer nos mécanismes démocratiques et à réapprendre à discuter entre camarades.
La survie du Parti en question
Ce qui est en jeu dépasse la procédure judiciaire : c’est la légitimité même du PS. Un Parti qui ne respecte pas ses statuts, qui ne tient pas ses Congrès et ne renouvelle pas ses instances, finit par perdre toute crédibilité. Sans légitimité, il ne peut plus prétendre jouer le rôle central qui fut toujours le sien dans la vie politique nationale.
Retrouver l’essentiel : l’unité intergénérationnelle
L’avenir du Parti socialiste ne se réduira pas à une confrontation entre jeunes et anciens. Il dépendra de notre capacité à unir toutes les forces militantes autour d’un projet commun.
- Aux anciens, qui ont consacré quarante années au service du Parti et de la République, revient le devoir d’honneur et de générosité : préparer la transmission.
- Aux plus jeunes, incombe la responsabilité de prendre le relais avec sérieux, en portant idées, énergie et proximité avec une société en pleine mutation.
Le peuple sénégalais a déjà exprimé sa volonté de changement en portant une nouvelle génération de dirigeants au pouvoir, avec l’élection du Président Diomaye Faye. Le PS doit entendre ce message et proposer une incarnation nouvelle de son leadership, sans renier son héritage.
Le recours comme rappel à l’ordre, non comme division
Dans cette perspective, le recours judiciaire ne doit pas être un motif de fracture. Il doit être compris comme un rappel à l’ordre, une main tendue pour nous inviter à nous ressaisir. L’avenir du PS ne dépendra pas d’une décision de justice, mais de notre capacité à nous rassembler, à restaurer la confiance et à relancer un projet de reconquête.
Pour un sursaut historique
Nous avons le devoir de ne pas laisser notre histoire s’éteindre dans l’amertume ou le silence. L’héritage de Senghor, de Diouf, de Tanor et de tant d’autres exige de nous un sursaut.
Ce n’est qu’en retrouvant l’unité, la légalité interne et l’ambition de servir le Sénégal que nous pourrons écrire une nouvelle page du Parti socialiste et lui rendre sa dignité.
« L’unité est la force qui permet de transformer de petites choses en grandes réalisations », rappelait Nelson Mandela. Si nous savons nous rassembler, le PS ne sera pas une relique du passé, mais une promesse d’avenir pour le Sénégal.


